ZSC : La Route des Grandes Alpes est-elle en danger?

La Haute Maurienne est une vallée préservée, avec ses petits villages authentiques nichés au cœur d’une nature sauvage dont la richesse a inspiré la création du premier Parc National de France en 1963 (Parc National de la Vanoise). Cette vallée abrite également un tronçon de la réputée Route des Grandes Alpes, qui relie Thonon les Bains à Menton. Cet itinéraire remarquable parcourt la vallée depuis le Col de l’Iseran, plus haut col routier d’Europe, jusqu’au sommet du col du Galibier, et ses 2.645 mètres, avant de basculer dans les Hautes Alpes. Mais une ZSC cherche à émerger dans cet environnement préservé…Penchons nous plus précisément sur les villages de Bramans et Sollières, qui accueillent le tracé de la RGA, en amont de Modane.

Une ZSC, c’est quoi?

Depuis quelques mois, et dans le but de répondre à un projet dit « d’intérêt public », cette portion de route et ainsi la vallée qui l’englobe ont été désignées comme lieu d’accueil d’une « ZSC » : « Zone Spéciale de Carrières ». 

Pour explication :

La définition d’une zone spéciale de carrière (ZSC) peut intervenir lorsque la mise en valeur des gîtes d’une substance relevant du régime des carrières ne peut, en raison de l’insuffisance des ressources connues et accessibles de cette substance, atteindre ou maintenir le développement nécessaire pour satisfaire :
– les besoins des consommateurs,
– l’intérêt économique national
– ou l’intérêt économique régional.

Or aujourd’hui, un chantier en entraînant un autre (notamment par la création d’accès), la vallée et la D1006 se retrouvent au cœur d’un projet qui vise à extraire d’énormes quantités de gypse et d’anhydrite sous prétexte d’auto suffisance pour la rénovation des bâtiments prévue par les ministères de l’écologie, de l’industrie et de la transition énergétique.

Le projet dans sa présentation initiale fait état de la réalisation de cette ZSC, couvrant plus de 1000 hectares, pour s’affranchir des droits des propriétaires et accéder à une ressource en gypse et anhydrite qui permettrait d’extraire 200 000 tonnes par an pendant 120 ans. La zone doit même s’étendre sur une Zone classée « Natura 2000 », mais le titre de « ZSC » permet là aussi de passer outre ces restrictions. Rappelons également que le Parc National de la Vanoise est voisin par son positionnement géographique au nord. Le territoire compte également de nombreux agriculteurs et éleveurs dans la plaine de Bramans, zone principale concernée par le projet.

Ce projet est d’une ampleur telle qu’il permettrait non seulement de fournir le Sud-Est de la France, mais également nos pays voisins. Ce projet va apporter d’importantes modifications du tracé routier, de la circulation sur l’axe principal, avec l’arrivée de camions de chantier sur ces belles routes de montagne, parfois sinueuses…

Quel risque pour la RGA?

Les médias locaux commencent seulement à relayer l’information de ce projet qui est resté secret pendant de longues années d’étude.

Une grande partie des citoyens de la vallée souhaitent informer l’opinion publique et faire connaître cette situation pour que les décisions soient prises à la lumière du sacrifice que représente la mise en œuvre de ce projet, tant au niveau écologique qu’humain… Car c’est bien la richesse du milieu et la biodiversité préservée de la haute vallée qui ont permis aux habitants de construire une économie équilibrée entre tourisme raisonné et agriculture de terroir. Ce patrimoine naturel permet à tous de prendre un bol d’air pur, un bain de nature, surtout pour les citadins qui ont besoin de sortir du béton et du bitume…

La suite des évènements doit voir une période de concertation se tenir, laps de temps pendant lequel l’État va venir recueillir les sentiments et impressions des acteurs du territoire, habitants, élus, touristes…

S’en suivra la poursuite du projet ou non, avec le cas échéant la modification de certains axes évoqués dans le projet initial…

Quoi qu’il en soit, soyons vigilants et surtout : Vive la Magnifique Route des Grandes Alpes !

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