Nouveau contributeur au sein de l’équipe Belles Routes de France, j’ai le plaisir de vous proposer un « petit » topo sur la Honda NSX avec laquelle j’ai fait 900km en une semaine, sous des conditions assez variables dirons-nous… L’occasion de revenir plus en détail sur cette auto méconnue à la diffusion plus que confidentielle.
Rapide présentation de l’auto : elle est assez impressionnante, large, basse, une belle ligne discutable sous certains angles je la trouve d’un côté très agressive (avant, ouïes arrières, …) et d’un autre côté, assez « banale » comme l’arrière qui aurait pu être plus tranché comme sa devancière. Sans doute les effets d’une diffusion mondiale qui doit plaire à tout le monde … en théorie.
Le gris en photo fait assez banal mais en vrai il lui va plutôt bien et permet de nuancer les différentes parties foncées de l’auto, dont le très beau toit en carbone, seule partie en carbone mise en évidence, un peu dommage surtout quand on vient d’un Lolo full carbone. Néanmoins pour avoir vu une bleue et une rouge, étrangement je ne trouve pas le gris si fade que cela, peut être le côté plus exclusif ?!
» A l’intérieur, style assez classique, mais à la Honda : chaque élément a été pensé et il n’y a pas de boutons superflus. «
Mention spéciale pour les jantes magnifiques, qui mettent en évidence les gros disques carbone / céramique et des étriers rouges énormes ! Et également aux rétroviseurs très bien dessinés et un peu futuristes dans le style sans négliger la visibilité.
A l’intérieur, style assez classique, mais à la Honda : chaque élément a été pensé et il n’y a pas de boutons superflus.
Les éléments tombent bien sous la main, l’assise est excellente, on est bien dans le cockpit, les informations essentielles sont dans le champ de vision. On est assis assez bas, légèrement plus haut que dans une Lotus mais l’accès est aisé au moins sur la Honda.
» Excellente visibilité sur l’arrière, c’est agréable pour regarder derrière même si avec une telle auto, 99,99% de ce qui roule risque de rester derrière ! «
J’aime beaucoup le volant très bien pensé, dommage que les palettes de la boite ne soient pas en matériau plus noble que le plastique peint.
Côté équipement, il y a l’essentiel entre les feux leds, radars de recul, caméra arrière, régulateur, système audio, GPS, … Mauvaise note sur le GPS indigne d’une telle auto, il est lent, les graphiques sont grossiers, … Un détail certes, mais un détail très voyant tout de même.
Excellente visibilité sur l’arrière, c’est agréable pour regarder derrière même si avec une telle auto, 99,99% de ce qui roule risque de rester derrière !
Le coffre est sur l’arrière (la partie avant s’ouvre mais ne permet pas de mettre quoique ce soit), c’est un peu plus grand qu’une Lotus Exige mais pas énorme pour partir à deux loin de chez soi en mode confort.
» Force est de constater la maîtrise des ingénieurs Honda sur le sujet, tout est fluide, pas d’à-coups «
Bon vous vous en fichez un peu de tout ce que je viens de vous raconter? L’essentiel arrive : ça vaut quoi sur la route cette chignole ??!!
Pour parler en chiffres, on est en présence d’un V6 3.5 Biturbo de 507cv sur la partie thermique et aidé par 3 moteurs électriques (2 sur l’avant et 1 sur la BV), ce qui fait monter la puissance à 581cv & 646Nm au total quand on met tout le monde en route en même temps.
Et oui, on est sur une auto hybride qui peut suivant le mode de conduite choisi rouler en full électrique ou mettre au profit de la performance son système électrique. Force est de constater la maîtrise des ingénieurs Honda sur le sujet, tout est fluide, pas d’à-coups, les batteries se rechargent très vite, l’effet de puissance immédiate se ressent.
Commençons par le commencement : le démarrage. Avec tous ces chiffres on est en droit d’espérer du bordel !! Et bien à part les 5-6 premières secondes où tout est open au niveau des valves et le régime moteur haut, je suis un peu déçu, c’est feutré. Alors évidement suivant le mode de conduite ça change mais même en mode Track, ça n’ouvre pas automatiquement les valves, saletés de normes …
Il en ressort un joli feulement dedans et lors des changements de rapports un gros « pchit » des valves de décharge dignes d’un vrai moteur turbo, ça fait son petit effet mais ça ne suffit pas à donner le smile …
On en revient un peu à son ancêtre NSX que j’avais pu essayer où les 3.0 & 3.2 malgré le VTEC ne sont pas des exemples de musicalité. A croire que Honda a décidé que seul ses 4 pattes auront du caractère et de la musicalité …
Elle atteint évidement facilement les 7500tr du régime maximum, mais pour une Honda on est en droit d’attendre plus de régime moteur. Bon après il y a toujours la solution de la ligne d’échappement à modifier mais partons d’un esprit « full stock » pour garder un peu d’objectivité.
» Chaque mode de conduite apporte une solution à la conduite souhaitée et se démarque d’un mode à l’autre, c’est agréable et pas du tout un gadget. «
Passé cette petite déception, on lance la bête. Au menu 4 modes de conduite : quiet, sport, sport+ et track. Du plus faible au plus fort, on retire au fur et à mesure des aides électroniques. On passe d’une électricité dédiée au roulage sans CO2 à une électricité qui se met au profit du moteur thermique pour lui donner ses 581cv.
On passe d’une auto souple en suspension à une auto très ferme (et également dans les commandes) et une boite qui enchaine les 9 rapports en mode papy à une boite qui passe ses rapports haut dans les tours et rapidement.
Petit bémol en parlant de cette boite, elle est assez hésitante dans les tours, si on pousse l’auto et qu’on soulage légèrement pour lui demander de passer quelques rapports, elle hésite et reste dans les tours puis quelques secondes plus tard passe un rapport. C’est un peu troublant. Apparemment une mise à jour logicielle existe et va être installée lors de sa prochaine révision.
Chaque mode de conduite apporte une solution à la conduite souhaitée et se démarque d’un mode à l’autre, c’est agréable et pas du tout un gadget.
Passer un quartier en mode silencieux ou rouler sur une nationale en électrique (3km maxi) ça son charme même si l’autonomie est très faible, l’auto recharge très rapidement ses batteries en plus. Mais personnellement, je m’en fous de ce mode, si c’est pour rouler ainsi une Zoé suffit et constitue un meilleur « investissement »
» L’avant accroche très fort, l’arrière suit sans broncher. C’est bluffant, quel équilibre ! «
Concernant la consommation, la bête est relativement gourmande, j’ai tourné en moyenne à 15l/100km avec des alternances de rythme, avec un réservoir de 63 litres, on arrive des ravitaillements trop réguliers, cela me fait penser à la Lotus, sauf que elle n’a que 46 litres … Et quand on appuie, la jauge numérique de consommation instantanée est graduée jusqu’à 70l/100km: ça fait peur mais la consommation est-elle réellement un problème sur une telle auto ?
Le charme de cette auto n’est donc pas dans sa partie mécanique comme nous venons de le voir. Mais qu’en est-il du châssis alors ? Oui le châssis parlons-en ! Car à l’inverse de la musicalité de sa devancière, c’était son point fort et force est de constater qu’il est là aussi c’est l’atout principal de la nouvelle NSX.
Alors certes l’auto est devenue une intégrale en place d’une propulsion et à pris un peu de poids surtout à cause des batteries, mais c’est au profit d’une motricité terriblement efficace ! Ca accroche très fort, on a l’impression de tout survoler avec elle, c’en est même un peu flippant car on se retrouve à prendre des virages sur route à des vitesses inavouables et sans forcer. Une playstation … c’est même un peu trop facile, l’auto travaille pour nous mais si elle doit décrocher il sera trop tard sauf pour un pilote chevronné et encore … L’avant accroche très fort, l’arrière suit sans broncher. C’est bluffant, quel équilibre !
Le tout est sublimé par une direction très directe et précise comme il faut. Partie frein, rien à redire, comme tous les disques céramique / carbone, il faut un petit temps de chauffe pour avoir un meilleur feeling dans la pédale et de la puissance.
» Avec quelques options et le supermalus, on arrive vite à 250k€ pour une auto sans image en France. «
Je serai très curieux de voir cette auto sur piste, à mon avis elle en surprendrait plus d’un ! Reste que son coût de roulage serait aussi proportionnel à ses performances. On ne peut pas tout avoir.
Cependant on peut se poser alors une question légitime sur cette belle auto : pourquoi n’en voyons-nous jamais ?
Plusieurs facteurs expliquent très légitimement cet « insuccès »: le premier réside dans son mode de diffusion, là où Nissan possède un réseau de 6 centres « Haute performance » pour la distribution de la GT-R par exemple, Honda n’a retenu que Paris et Monaco, et encore, Paris ne distribue plus l’auto désormais (et n’assure pas l’entretien), donc aujourd’hui une seule piste pour acheter et entretenir sa NSX : Monaco.
Premier coup de froid et pas le dernier. Ce mode de distribution voulu par Honda Europe (qui n’a jamais rien compris au marché Français en voulant calquer ses méthodes Anglaises partout) excluait également dans les premières années aux concessionnaires Honda d’acheter une NSX pour eux. Alors que selon moi ils auraient été les meilleurs ambassadeurs d’image pour cette auto ! Honda a fini par lâcher du mou mais trop tard évidement…
Et enfin, le principal problème et pas des moindres : le prix de l’auto. Avec quelques options et le supermalus, on arrive vite à 250k€ pour une auto sans image en France. (tient tient cela n’est pas sans rappeler le problème de l’ancienne NSX qui avait connu un succès limité également à cause entre autre d’un prix qui calmait (+/- 500kfr à l’époque)
» On me donne 250k€, est ce que je l’achète ? La réponse est non. Il manque une part de rêve avec cette auto et on ira avec cette somme se tourner sur des valeurs sûres en termes d’image, de rêve, et de performances. «
Alors certes, Honda sponsorise de plus en plus d’auto et on trouve des Véhicules de Démonstration dans le réseau à moins de 200k€ voire 180k€. Néanmoins le mal est fait et l’auto ne percera jamais en France, de toute manière soyons honnête Honda Monde n’a d’yeux que pour les USA qui est leur marché phare, surtout pour cette auto distribuée sous l’emblème Acura. D’ailleurs, chaque auto porte son numéro de modèle au niveau du moteur, ici nous sommes en présence du numéro 1934.
Quant au marché français, juste pour « rire » j’ai sorti les chiffres entre 2016 et 2020, 11 immatriculations au total dont 5 en Véhicule de Démonstration et 1 en société, soit 5 ventes à particulier directement. Difficile de faire moins.
Pour résumé, Honda a raté là une belle occasion de faire de l’ombre en France aux Ferrari, Lambo et autres Porsches mais peut-être aussi que le marché Français n’a pas compris cette auto et son potentiel. Dommage pour tout le monde ! Je me suis posé une question toute bête, on me donne 250k€, est ce que je l’achète ? La réponse est non. Il manque une part de rêve avec cette auto et on ira avec cette somme se tourner sur des valeurs sûres en image, en rêve, en performances, …
Et pourtant cette auto à presque tout pour plaire : une ligne racée, des performances de supercar, un châssis aux petits oignons, une exclusivité digne d’une Bugatti et une fiabilité made by Honda (je ne doute pas qu’elle devrait bien vieillir comme sa devancière)
Cette voiture est-elle la bonne compagne pour partir en roadtrip? Pas sûr, car il lui manque ce petit supplément d’âme… Mais je garderai en souvenir d’avoir conduit un vaisseau spatial venu de nulle part, qui a dépassé mes attentes, qui m’a bluffé de facilité et de performances stratosphérique mais qui n’aura pas su me faire avoir le coup de cœur si essentiel sur une auto de prestige.
Quand je pense que le proto de cette auto roulait initialement avec un V10 dérivé de la F1, je crois que là on a raté quelque chose de fantastique mais la crise est passée par là et rouler BIO c’est bon paraît-il …
Bonjour à tous
Je viens d’acquérir cette magnifique NSX de 2017 à 18000 kms et votre article me confirme d’avoir fait le meilleur achat de ma vie
Elle est exceptionnelle dans tous points, je n’aurais jamais pu imaginer d’y trouver à chaque sortie ce plaisir grandissant de conduire ce vaisseaux spatial que vous décrivez. Ville en silence devant les yeux étonnés des passants, autoroute où on se range pour vous regarder accélérer en fusée, route tranquille en conduite sage et confortable….. voilà le plaisir de ma NSX . J’ai 2 autre Honda, 1 Civic de 2021 diesel pour le travail ainsi que la dernière hybride d’un bleu électrique comme sa motorisation exceptionnelle, qu’elle routière
Guy, un homme heureux de pouvoir vivre un rêve HONDA…..